La naissance de Manon

Publié le par Hélène


Lundi soir, 22H30, 12 heures avant la naissance



Mardi 15 avril, je me lève au milieu de la nuit pour une pause-pipi.
Il est bientôt 4 heures du matin. Manon a beaucoup beaucoup gigoté en début de nuit. Elle me faisait mal, elle bougeait ses petits bras dans tous les sens. Je me tournais d’un côté puis de l’autre pour lui trouver une position confortable, rien à faire, elle continuait son manège.
Je me recouche, lessivée, décidément, les nuits de fin de grossesse sont agitées !

Je suis dans un demi-sommeil, et d’un coup... zut, je rêve ou quoi, ça coule, c’est chaud, non pitié ! Pas ça !
Je me lève vite, une main entre les jambes, grande classe, je bouscule Sellig qui dormait sur mes jambes, hop, un vol d
e Sellig, pardon Sellig, je cours à la salle de bain. Au dessus des toilettes, ça coule tout seul, il n’y a aucun doute là-dessus, je suis en train de perdre les eaux, comme pour Clément et c’est ce que je redoutais le plus.
Finis les rêves de faire le travail à la maison, il est 3h58 et à partir de maintenant, c’est le compte à rebours de 36 heures avant
qu’on m’ouvre le ventre d’office si le travail ne démarre pas tout seul...

J’aimerais que ce soit un mauvais rêve, je vais me réveiller dans mon lit avec une poche des eaux intacte, pitié ! Mais non, je ne rêve pas, et ça coule toujours.
Je me mets au-dessus du pot de Clément pour vérifier la couleur du liquide. C’est transparent, à peine rosé, avec des particules blanches en suspension. Au moins, ça veut dire que Manon va bien.
Par contre, ce n’est pas une petite fissure comme mon premier accouchement, c’est une rupture nette, j’ai perdu un bon demi-litre.

Je me balade dans la salle de bain avec une serviette de toilette entre les jambes, en priant pour que la tête de Manon fasse bouchon, que ça s’arrête enfin de couler et qu’il lui reste un peu de liquide pour se sentir bien. Je me fais des films en imaginant le cordon coincé par le manque de liquide, ma Manon en souffrance sans que je le sache, qu’est-ce que je dois faire punaise ?
J’ai dans la tête la voix de mon obstétricienne
“En cas de perte des eaux, vous vous précipitez à la maternité !”
et celle de ma sage-femme
“En cas de perte des eaux, tu as le temps, reste à la maison et laisse le travail démarrer tout seul !”
Qu’est-ce que je dois faire ?

La seule chose qui me console, c’est de savoir que mon obstétricienne n’est pas en vacances cette semaine et que je peux comp
ter sur elle pour un déclenchement, même sur utérus cicatriciel, ça me laisse un peu d’espoir.
En tout cas, une chose est sûre, ma petite Manon naîtra le 15 ou le 16 avril !

Je vais dans la chambre, je me penche sur Gilles.
“Mon coeur !”
“Mmmh ?”
“Je perds les eaux.”
“Nooon ?”
“Je sais pas quoi faire, j’ai pas envie d’aller à la maternité, je veux pas que ça recommence comme pour Clément.”
“Qu’est-ce qu’on fait alors ?”
Il est déjà 4h30, j’ai toujours ma serviette de toilette entre les jambes, et mon ventre est tout descendu, tout dur, je vois les bosses du corps de Manon et la souplesse du liquide amniotique a disparu.

J’appelle ma copine d’enfance, sage-femme à Thonon-les-Bains, je sais qu’elle est de nuit très souvent, je ne risque pas de la réveiller. Pas de bol, c’est son répondeur.
Il ne me reste plus que ma sage-femme, Isabelle, celle qui m’a fait la préparation à l’accouchement et qui m’a donné son accord, la veille au soir seulement, pour venir suivre mon travail à la maison, me rassurer et décider du meilleur moment pour partir à la maternité. Désolée Isabelle, je va
is te réveiller....

Au téléphone elle est très calme, elle a l’habitude d’être réveillée en pleine nuit pour des accouchements. Selon elle, c’est une rupture, pas une fissure, j’ai perdu trop de liquide. Elle réfléchit un moment, puis elle me conseille de me recoucher. On fera un point dans quelques heures, demain matin. Et surtout, si je ne sens pas bouger ma Pépette, on file d’urgence à la maternité.
J’angoisse, j’ai peur de faire la bêtise du siècle en me recouchant... bouge Manon, bouge, rassure-moi ! Hop un petit coup de pied, ma louloute va bien.

Je me recouche, pelotonnée contre Gilles, la tête pleine de question. Gilles est serein, il trouve que c’est la meilleure solution d’attendre un peu, la journée enfermée à la maternité pour Clément n’était pas un bon souvenir, on est tellement mieux à la maison...

20 minutes après m’être couchée, je sens une contraction qui monte, de toutes façons j’en ai tout le temps ces derniers temps... tiens, elle est forte celle-là... tiens elle fait mal celle-là !!!!!! Quel soulagement, il est 5 heures et c’est une contraction douloureuse, une vraie, il n’y a pas de doutes !

Je dis à Gilles “Première contraction douloureuse”.
Il est super content “Ah ben tu vois, ça valait le coup de rester là !”
Il me prend la main.
Je me sens mieux, tellement mieux, j’attends la suivante avec impatience, hop un quart d’heure plus tard la voilà ! Je ne pensais pas être aussi heureuse d’avoir mal... parce qu’elles font mal, ces saletés ! Pour Clément, ça avait commencé tout en douceur, tranquille, par de vagues douleurs de règles. Là je souffle comme un petit chien pendant la contraction, la main crispée sur le coussin d’allaitement, l’autre serrant celle de Gilles.
10 minutes, un quart d’heure, les intervalles sont variables, je me détends dans la chaleur de la couette, je me sens bien et sereine.

6 heures. Je suis bien dans la chaleur du lit, mais j’ai vraiment envie de me préparer pour l’arrivée de ma fille. J’avais prévu de faire un gâteau au chocolat pendant le travail à la maison, j’adore faire des gâteaux au chocolat (il n'y avait que ma balance pour me retenir pour ne pas en faire tous les jours ces derniers temps). Mais là pas de chance, avec les contractions, j’ai vraiment pas faim !
Allez, c’est décidé, je me lève, je vais prendre une douche et un shampoing, mettre mes lentilles, me maquiller... aller aux toilettes aussi ! C’est moins classe, mais c’est important quand même, mieux vaut éviter l’administration d’un lavement à l’arrivée à la maternité...

Sous la douche, les contractions sont douloureuses, j’ai l’impression que le fait que je me sois levée les a intensifiées. Je mets le jet d’eau chaude sur mon dos, je souffle doucement en m’appuyant en avant sur les parois de la douche. J’ai dû passer une bonne demi-heure sous l’eau chaude, c'est pas bon pour la planète mais ça fait du bien.
Maquillée, pomponnée (mais toujours une serviette de toilette entre les jambes, top classe !) c’est bon je suis prête, Manon peut sortir !

Bon qu’est-ce que je fais maintenant ?

Il est trop tôt pour appeler Isabelle et puis mes contractions ne sont pas assez rapprochées pour que je la dérange.
Décidément, j’ai pas du tout envie de le faire ce gâteau.
La chaleur de la couette est tentante, je me rallonge auprès de Gilles qui dort toujours.
Mais là j’ai vraiment très mal maintenant.
J’essaie de me mettre à 4 pattes, puis allongée sur le côté, et puis non, il faut surtout que je m’oblige à bouger maintenant, c’est comme ça que Manon trouvera le chemin. Mais punaise, j’ai mal...

Je demande à Gilles d’aller me chercher le ballon, il est temps de commencer à “danser la douleur” pour mobiliser le bassin et donner toutes ses chances à ma puce pour s’engager.
J’essaie le ballon dans le lit, c’est galère, une baleine + un ballon + une couette épaisse = un truc vraiment pas possible. Tant pis, il va falloir abandonner à regret la couette chaude (c’
est mon péché mignon une couette chaude !) et puis de toute façon, j’ai trop mal pour pouvoir en profiter.
J’essaie de m’asseoir sur le ballon, les bras appuyés sur un portique, non ça va pas. Appuyée sur le lit ? Non ça va pas non plus...
À la base, je voulais faire le travail dans le salon, les bras appuyés sur la table de la salle à manger, mais j’ai besoin d’être près de Gilles et Gilles qui prévoit une naissance à rallonge comme celle de Clément, veut continuer sa nuit, alors je m’installe un coussin d’allaitement sur le bureau de notre chambre, et assise sur une serviette sur le ballon, je commence à gérer les douleurs qui sont très fortes maintenant.
Ça m’inquiète un peu, pourquoi j’ai tant de mal à les supporter ?

Pour Clément, j’avais mal, mais en soufflant et en faisant de l’haptonomie, ça passait bien. Là j’ai beau souffler, faire des sons graves, accompagner la contraction, la douleur est parfois dure à supporter sans perdre les pédales.

Maintenant avec le recul, je sais que les contractions étaient tout simplement plus fortes que mon premier accouchement, le col beaucoup plus malmené par la tête très engagée de Manon, surtout avec un utérus dur, sans le moelleux du liquide amniotique, et avec une cicatrice qui paraît-il, rend le travail plus pénible. Le cocktail détonant quoi...
Pourquoi je n’arrivais pas à gérer comme la première fois ? Parce que j’avais simplement BEAUCOUP PLUS MAL que la première fois !
À la réflexion, c’est vrai, la dilatation
a dû avancer à plus de 2 cm par heure, c’est énorme, tu m’étonnes que je douillais...
Mais bon, sur le moment, j’ai l’impression d’être nulle, de ne pas y arriver, j’ai la certitude que je ne tiendrai pas sans péridurale, je sens que tous les efforts faits jusque là n’auront servi à rien pfffff... et puis *"$'#* J’AI MAL !

Je me mets à trembler comme une feuille, impossible de me relaxer entre les contractions.
J’avale un sachet de sucre en poudre, c'est dégueu, mais j’ai rien mangé depuis la veille au soir, et je veux pas tomber dans les pommes.
J’ai froid, punaise, ça va pas du tout.
Gilles me couvre avec deux duvets, mais je tremble toujours. Je continue à accompagner la contraction avec des sons graves qui tremblottent de plus en plus quand la douleur est forte. J’ai peur de réveiller Clément mais il faut que ça sorte, désolée mon petit loup...

8h... Je suis en colère contre moi-même, en colère parce qu’incapable de gérer des douleurs alors que j’avais fait ça comme un chef lors de la naissance de Clément. J’ai beau regarder ma montre à chaque contraction, je suis tellement en rogne contre moi-même que je minimise leur durée, leur fréquence et leur intensité. Je me persuade qu’elles surviennent toutes les 10 minutes alors que si ça se trouve, elles étaient là toutes les 5 minutes mais bon... avec la douleur, la notion du temps commençait à s’effacer.


8h30. Je tremble toujours, il est temps que j’appelle Isabelle pour la tenir au courant. Comme je suis complètement à l'ouest, je lui sors que je contracte toutes les 10 minutes (à croire que ça rend aveugle d'accoucher, l'aiguille de ma montre ne disait pas ça du tout !). Elle est contente d’apprendre que le travail a démarré. Par contre, les tremblements l’inquiètent. “Tu contractes toutes les 5-10 minutes, c’est le début. C’est pas normal de trembler comme ça, tu fais un blocage. Il faut que tu arrives à te détendre, prends un bain. J’arrive dans une heure.”

Gilles avait déjà la main sur le robinet de la baignoire, il se souvenait des conseils des cours de prépa : un bain le plus chaud possible.
Une contraction très forte, j’ai la nausée. Gilles m’amène en catastrophe la première bassine sur laquelle il tombe : celle de la serpillière. L’odeur de propre qui s’en dégage fait passer la nausée.
Dans sa chambre, j’entends Clément qui se réveille doucement.

Je me lève péniblement de mon ballon et je vais jusqu’à la salle de bain. Gilles m’aide à me déshabiller. Une énorme contraction, je m’accroche au lavabo en chantant un son grave de plus en plus fort, on se serait cru dans un monastère bouddhiste. Le son tremble, Gilles me prend dans ses bras. Une fois la contraction passée, nouvelles nausées, et cette fois, ahem... bref... heureusement que la bassine m’a suivie jusqu’à la salle de bain...


Gilles m’aide à monter dans la baignoire.
L’eau est bouillante mais ça fait du bien. Je m’y assoie. Encore une contraction, mais ça passe mieux dans l’eau et les nausées ont disparu.
Il me dit que je ferais mieux de m’allonger dans le bain, je lui dis non. De toute façon, j’ai dit non à toutes les propositions qu’il me faisait et je finissais par le faire. Ça aussi il le savait, ça faisait partie du briefing du papa pendant les cours de prépa : la maman dira toujours non à toute suggestion mais le fera d'elle-même quelques secondes plus tard.

Je m’allonge dans le bain, les douleurs sont très fortes mais les malaises ont disparu. Gilles téléphone à ma mère pour qu’elle vienne s’occuper de Clément qui gazouille dans son lit. Il m’apporte un verre d’eau sucrée mais pouah il n’y a que l’eau plate qui passe.
À chaque contraction, il me prend le bras et la tête pour faire de l’haptonomie. Il y met tout son coeur et appuie tellement fort que ça me bloque plus qu’autre chose. Il relâche alors la pression ça va mieux, mais j’ai toujours beaucoup de mal à me focaliser sur son contact, les douleurs prennent vraiment le dessus. Mais pourquoi j’y arrive pas ? Mais pourquoi j’arrive pas à gérer, je suis nulle !!!

“Je ne tiendrai jamais des heures comme ça sans péridurale”
“Mais on ne te demande pas de tenir sans péridurale, c’est pas un challenge, tu l’auras la péridurale, t’inquiète pas. Tu veux du brumisateur ?”
“Non.”
Et puis si finalement...
“Tu veux boire de l’eau fraîche ?”
“Non.”
Et puis si finalement.
Il m’arrose le ventre avec l’eau du bain, je lui dis d’arrêter alors qu’en fait, ça fait du bien... n’importe quoi...
Maman qui souffre = esprit de contradiction !
Après une contraction, je me sens bizarre, j’ai des fourmis dans les jambes, je regarde mes doigts ils sont devenus blancs, je suis en train de tomber dans les pommes ! Je bascule sur le côté. Gilles m’apporte un coussin gonflable que je mets sous ma tête.

Ma mère arrive et va chercher Clément.
Elle me l’amène entre deux contractions. Je
lui souris, mon petit zouzou d’amour, il me sourit aussi. Ça le fait marrer de voir sa maman allongée dans la baignoire.
Maintenant qu’il est levé, j’essaie d’arrêter les sons graves, ça lui ferait peur (et à ma mère aussi) C’est la respiration du petit chien qui prend le relais, mais les sons sortent tous seuls, et de plus en plus aigûs.
Je repense aux paroles de ma sage-femme “les femmes qui crient aigûs sont celles qui perdent les pédales, essaie de garder les sons graves en mémoire.”
Ouais ben c’est plus facile à dire qu’à faire !

À chaque contraction, je m’accroche à l’émail de la baignoire, j’appelle Gilles qui fait la navette entre ma mère et Clément et moi. Il m’agrippe la tête et le bras, me lâche souvent trop tôt quand il voit que ça passe.
Ensuite il me donne de l’eau à boire, que j’avale en bavant partout, un coup de brumisateur, et il repart trouver Clément dans le salon. Il en aura fait des kilomètres !
Plusieurs fois, il ne m’a pas entendue quand je l’appelais et j’ai dû tenir la contraction seule, dur dur... Je ne le savais pas encore, mais je traversais la “putain de phase” comme dit Isabelle, celle entre 8 et 10 de dilatation, celle où les contractions sont à la limite du supportable. Et moi, complètement shootée aux endorphines, je restais persuadée que j’en étai
s à 3-4, pas plus, et que j’allais en baver grave pendant le trajet en voiture...

Deux contractions coup sur coup, sans répit pour souffler...
Curieusement, ça ne m'interpelle pas d'avoir des contractions aussi rapprochées. Tout va bien Hélène ? Ouaiiiiis impec, je plane ! Pour mon premier accouchement, on m'avait mis une perf de morphine avant la pose de la péridurale. Là j'étais exactement dans le même état, sans morphine.
Il n'y a que Gilles qui commence sérieusement à se poser des questions.
"Nan nan j't'assure, tu contractes pas toutes les 5 minutes, c'est toutes les 2-3 minutes je te dis ! Comment ça non ? Ah bon je dis plus rien..."
Gilles abdique. Il se dit qu'Isabelle saura quoi faire, vivement qu'elle arrive.

Mais quelle heure il est ? Que fait Isabelle ? Gilles m’encourage, il est déjà 9h23, Isabelle ne devait plus tarder.
Je commence à ressentir une barre diffuse dans le bas du dos. Ça fait pas mal, mais j’ai le dos complètement bloqué. Ça aussi c’est bon signe, ça veut dire que Manon trouve le chemin.

Je sens un museau qui vient renifler doucement mon front, j’ouvre les yeux : Sellig est là, les pattes avant appuyées sur le bord de la baignoire, elle me respire, on dirait qu’elle m’encourage, elle est mignonne...

Ma mère veut savoir si elle doit rester à la maison avec Clément où s’il vaut mieux qu’elle parte. Moi je préfère qu’ils s’en aillent, je préfère même ne pas voir Clément, je suis dans un état lamentable ça pourrait lui faire peur.
J’entends quelqu’un qui rentre dans la salle de bain, je sens un baiser sur mon front. Quand j’ouvre les yeux, je vois ma mère très triste. Je lui envoie un baiser et elle s’en va. Je me mets à sa place, ça doit être dur de voir souffrir son enfant.


9h45, encore une grosse contraction. À l’instant même où elle commence à s’effacer... j’ai une sensation totalement nouvelle, je n’ai plus mal, je me cramponne à la baignoire en émétant un “hrgnnnn” du plus bel effet.

La contraction part, la sensation avec... mais... mais... mais je viens de POUSSER !

D’un seul coup, ça a fait tilt, je viens de POUSSER, c’est la fin, ça veut dire que c’est la fin. Je réalise brusquement que ma puce est sur le point de naître, moi qui espérais en être laborieusement à 3-4 de dilatation, j’entre en fait dans la phase finale, celle de l’expulsion. Je crois qu’à ce moment-là, j’ai vraiment su que ça se terminerait à la maison.
"Gilles, appelle Isabelle, je viens d'avoir un réflexe de poussée, il faut qu'elle se dépêche !"
Répondeur. Punaise, j’espère que ça veut dire qu’elle est dans le parking souterrain et qu’elle se gare.
Deuxième appel, deuxième répondeur.
Troisième appel, ça sonne enfin. Isabelle décroche : “Je suis dans votre rue, descends me chercher.”
Gilles part en courant.

Les contractions sont beaucoup plus espacée
s maintenant. Elles sont hyper douloureuses les premières secondes et très vite le besoin de pousser se fait sentir et la douleur disparaît. À la place, je pousse comme j’ai jamais poussé.
Mais que ça fait du bien de ne plus avoir mal !

9h49. J’entends la porte de l’appartement qui s’ouvre.
La voix de Gilles “Elle contracte toutes les 2-3 minutes et elle a envie de pousser.”
La voix d’Isabelle “Où est-elle, où est-elle ?”
Isabelle apparaît sur le seuil de la salle de bain, que ça fait du bien de la voir !
Elle se penche vers moi, m’osculte d’un toucher rapide qui me fait très très mais alors très mal...
“Elle est là.” dit-elle dans un souffle “Le bébé est là, on n’a pas le temps de partir à la maternité, ma belle, tu vas accoucher ici.”

Elle se tourne vers Gilles, elle lui décrit sa voiture et l’endroit dans le parking où elle est garée. Le coffre est ouvert, elle lui décrit le matériel à prendre dedans et lui dit de faire très vite. Gilles n'a jamais couru aussi vite de sa vie...

Elle s’active, elle me demande de sortit un peu le ventre de l’eau et colle une sonde de monito.
Ta poum ta poum ta poum “Impeccable, elle va très bien ta puce.”
Elle me demande où elle peut trouver un grand sac poubelle. Je lui décris la malle de la cuisine et je l’entends qui farfouille dedans. Une couverture pour Bébé ? Dans la chambre de Clément, elle monte les escal
iers quatre à quatre.

Les contractions sont très espacées, je souffle enfin.
J’y crois pas, je suis complètement euphorique, je vais réaliser mon rêve, j’y crois pas !!!! Voie basse, sans péri et en plus à la maison, j’y crois pas !! Isabelle a le sourire jusqu’aux oreilles. C’est seulement la deuxième fois de sa carrière qu’une de ses patientes va accoucher à la maison sans que ce soit prévu.

Encore une contraction, elle se penche sur moi, m’embrasse, je sens son parfum, elle me met de l’eau sur le ventre, elle me dit de me détendre, d’arrêter de pousser, d’attendre mon mari. Arrêter de pousser ? Comment c'est possible de lutter contre ce réflexe monstrueux ? Aux cours de prépa, on nous apprend à pousser, on ferait mieux de nous apprendre à NE PAS pousser !

Elle tente alors de me sortir de la baignoire. Il faudrait que je m’allonge les fesses surrélevées pour que la tête de Manon cesse d’appuyer et laisse le temps à Gilles de revenir avec le matériel.
“Détends-toi, arrête de pousser, entoure-moi le cou avec ton bras, il faut sortir de la baignoire.”
Sortir de la baignoire ? Et pourquoi pas faire le poirier tant qu’on y est !
Mais comment je peux sortir de là, je peux même pas me tenir debout !

Elle pousse un soupir de soulagement (et moi aussi, entre deux “hrgnnnnn !”) Gilles vient de revenir avec le matériel. Ouf, il sera là pour la naissance de la petite, c’est l’essentiel.
Isabelle court dans la chambre, installe une bâche plastique sous notre drap de lit et des alèses imperméables dessus. Elle revie
nt vers la baignoire, nouveau toucher qui me fait très mal, pourtant elle y va en douceur. Cette fois, ça rigole plus, il faut que je sorte de là. Je m’aggrippe à son cou, elle me soulève comme elle peut.
J'avoue, je n'ai toujours pas compris comment ils m'ont sortie de la baignoire...
Un jour, il faudra qu'ils m'expliquent...

Mes jambes sont incapables de me porter. Gilles les prend, ils me transportent ainsi jusqu’à la porte de la salle de bain. Dans la bibliothèque, je suis suspendue aux bras d’Isabelle, et je pousse toujours.
“Hélène, arrête de pousser et marche !” C’est la voix d’Isabelle, elle est très sérieuse maintenant. Et là ô miracle, la contraction s’arrête quelques secondes et je franchis les quelques mètres qui nous séparent de la chambre, soutenue de chaque côté par Isabelle et Gilles.

Je m’affale à quatre pattes sur le lit, nouvelle contraction, laissez-moi tranquille *$#* c’est comme ça que j’accoucherai, il faut que ça sorte !!!
Euh... oui sauf que si je reste dans cette position, Manon va atterrir le parquet en sortant !
Isabelle demande à Gilles de s’installer le dos contre la tête du lit, en écartant les jambes. Il faut que je m’allonge contre lui, accroupie dans ses bras. Mais je peux plus bouger, je continue de pousser et je sens la
tête de Manon qui appuie bas, très bas. Ouf, dernières secondes de répit, la contraction est passée, j’en profite pour me mettre dans les bras de Gilles, Isabelle s’installe en face de moi, la main prête à accueillir Manon.
Ouf ! Nous voila tous en place, 30 secondes avant l'arrivée de Manon, on ne pouvait pas faire meilleur timing...

“Allez, encore deux-trois contractions et ta fille est là !”
Deux-trois ? Pourquoi faire en deux-trois ce qu’on peut faire en une seule ?
La voilà, la dernière contraction, douleur énorme pendant une demi-seconde, très vite effacée par l’envie de pousser, puis une brûlure, une brûlure monstrueuse là où la tête de Manon appuie pour passer.

Le “gnnnnnn” se transforme en hurlement. C’est pas seulement la douleur de la brûlure, c’est surtout l’effort de poussée qui fait que ça sort tout seul. Les voisins ont dû avoir peur !
Je vois Isabelle qui tend la main vers la tête de Manon, elle me dit :
“Touche-la, elle est là ta fille !”
“Ça brûûûûûûûle !!!!!”
Je mets ma main là où elle m’indique, je sens les cheveux de ma louloute sous mes doigts. Dernier effort de poussée et dernier hurlement.

Je ne me souviens pas de la seconde où la tête de Manon est passée. Je me souviens simplement avoir supplié mentalement Isabelle de lui faciliter le passage pour que cette brûlure s’arrête (je comprends qu'à ce stade-là, on rêve d'épisio, si si !)
J’ai les yeux fermés mais j’entends Gilles derrière moi :
“C’est géniaaal c’est géniaaaal voilà Manon ! C’est géniaaaaaaal !”

La tête est sortie, la brûlure s’arrête instantanément, et là je sens le petit corps de ma fille qui passe, à toute vitesse, mais les sensations sont tellement intenses que je pourrais presque décrire chaque membre que je sens passer.
Je n’ai plus mal, juste quelque chose qui tire encore un peu : c’est le cordon. Dans les mains d’Isabelle, je vois un bébé qui me paraît immense, tout violet, tout blanc.

C’est Manon, c’est ma fille, c’est ma puce qui vient de m’offrir le plus beau des cadeaux ! Un accouchement à domicile après une césarienne... Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais osé imaginer ça !
Elle vagit gentiment et Isabelle la pose sur mon ventre.

Je n’ai qu’un mot à la bouche : “Merci !”
Merci Manon, merci Isabelle, merci Gilles, merci ma bonne étoile, merci mon propre corps qui a su m’offrir ça... et en ce moment magique de mon existence, j’ai aussi une bouffée de gratitude envers l’obstétricien qui a pratiqué la version.

À cet instant précis, la cicatrice de ma césarienne s’est définitivement refermée. Je l’ai fait ! Clément m’avait fait devenir Mère, Manon m’aura fait devenir Femme. Merci Clément, merci Manon, merci pour le chemin parcouru, mes amours, mes loulous. Sans ma première césarienne, je ne serais certainement jamais allée aussi loin dans ma volonté de vivre un deuxième accouchement aussi “physiologique”. C’est tellement incroyable et en même temps, ça me paraît tellement évident, comme si j’avais toujours su que ça finirait comme ça.
D'ailleurs Isabelle me dira quelques jours plus tard que cet accouchement à domicile était un acte manqué, sans aucun doute.

Il n’y a aucune comparaison possible entre les naissances de mes deux enfants. Je ne peux pas dire “j’ai préféré ça ou ça” j’ai vécu ma césarienne en spectatrice, intensément, j’ai pleuré de bonheur pendant des heures. J’ai vécu cet AVAC en actrice, intensément, et je n’ai pas versé une seule larme (ah si, une seule, en contemplant ma fille lovée contre moi pour la première fois)
Les enfants eux-mêmes n’y sont pour rien. C’est moi en tant que femme qui me suis accomplie dans ce deuxième accouchement, mais jamais jamais je n’irais dire que Manon m’a offert ce que Clément m’avait refusé !
C’est mon corps qui m’a offert ce qu’il m’avait refusé la première fois, parce que je ne l'avais pas écouté.


“Quelle heure est-il ?” Gilles et Isabelle ne perdent pas le nord, il ne me serait jamais venu à l’idée de regarder l’heure de naissance de ma fille !
10h10, le sourire parfait des aiguilles sur une pendule, c’est merveilleux comme heure de naissance...


Manon est toute chaude contre moi. Elle gigote doucement.
Je vois Sellig qui grimpe sur le lit et s’approche de nous. Elle colle son museau aux cheveux de Manon et la respire longuement. En langage chat, ça veut dire “Bienvenue parmi nous petite Manon !”
Ungaro lui, est resté pétrifié de trouille sous le bureau... courageux mais pas téméraire mon pépère !

Isabelle nous montre le cordon qu’elle trouve magnifique. Il est très long, forme une spirale parfaite, comme une interminable séquence d’ADN. En le voyant, je pense à tous les films que je m’étais faits, en imaginant que c’était lui qui empêchait Manon de se mettre la tête en bas.
Le réflexe “appareil photo”, oublié depuis longtemps, ressurgit dans un coin de ma tête. Isabelle ne se fait pas prier, voilà la première photo qu’elle aura pris de nous, première photo avec notre jolie Manon qui n’a que 3 minutes...


Le cordon a cessé de battre, Isabelle le clampe entre deux pinces en plastique et fouille dans son matériel à la recherche des ciseaux. Gilles coupe officiellement le lien qui nous unissait, Manon et moi, ma puce a 7 minutes.



Je ne me souviens plus combien de temps a duré ce premier peau à peau, ce peau à peau qui m’avait tant manqué pour la naissance de Clément. Je me souviens seulement de l’euphorie de ces premiers instants, où on arrive pas encore à croire ce qui nous est arrivé.

À la demande d’Isabelle, Gilles a enlevé sa chemise, il va prendre Manon contre lui pendant la délivrance.
Hop, ma puce est en peau à peau contre son papa, Isabelle attrappe le cordon et me demande de pousser. Encore pousser ? Maintenant que le réflexe est parti, je me demande comment on peut bien faire pour pousser... elle tire doucement sur le cordon et je sens le placenta qui sort tout seul.
Elle le pose sur une alèse et commence à en détailler l’aspect. Elle nous montre la poche des eaux percée et le trou par lequel Manon est sortie. J’ai passé mon doigt dans la poche pour en toucher la consistance, c’est à la fois très fin et hyper solide. Le placenta a un drôle d’aspect, elle n’en a jamais vu comme ça. Il est en trois parties dispersées le long de la poche, c’est assez curieux. Elle nous demande si on veut le garder.
C’est rigolo, ça ne m’était pas venu à l’idée mais oui pourquoi pas ? On trouvera bien un jardin où l’enterrer et un arbre à planter dessus. Isabelle l’enveloppe dans un sac en plastique et zou, au congélateur !
Si on m’avait dit qu’un jour, j’aurais du placenta dans mon congél’...

Bon après c’est moins drôle, Isabelle doit m’appuyer sur le ventre pour faire sortir les caillots, je souffle en même temps pour que ça passe mieux.
Puis commencent les deux heures de surveillance obligatoires, comme en salle d’accouchement. Gilles me redonne Manon qu’on cale dans une couverture et je lui présente le sein.
Quelle gloutonne, elle tête déjà magnifiquement bien ! Quelle différence avec mon pauvre Clément, assommé par 12h d’anesthésie, qui ne faisait que dormir...
Par contre, on n’a aucune couche taille naissance à la maison, et j’ai pas non plus de serviettes hygiéniques taille gigantesque pour moi, la maternité était sensée les fournir.
Alors on a fait avec ce qu’on avait, c’est-à-dire les couches Huggies taille 4 de Clément. Hop, une couche taille 4 pour Manon qui disparait presque entièrement dedans, hop une couche taille 4 pour Maman, histoire de pas trop en mettre partout...
Gilles est parti donner un milliard de coups de fil, il est surexcité et n’en revient toujours pas.

Manon restera ainsi plus d’une heure à téter contre moi, jusqu’à ce que ma mère et Clément reviennent. C’est magique pour mon petit loup, parti à 9h30, revenu deux heures plus tard, il découvre sa petite soeur avec un air incrédule, un léger sourire aux lèvres.
Et je ne remercierai jamais assez Isabelle d’avoir eu le réflexe de saisir le camescope pour immortaliser la rencontre de Clément avec “Bébi”, puisque c’est comme ça qu’il l’a baptisée.

Allez, Manon, finis les gros câlins, il est temps de te peser quand même !
3 kilos tout pile ma jolie puce, 34 cm de périmètre crânien, tu n’es pas si petite que ça finalement ! Isa préfère ne pas l’embêter avec la mesure, on fera ça demain, on a bien le temps. Elle l’habille avec sa petite tenue de naissance, toujours sous les yeux de ma mère et de Clément.
Puis elle cale Manon dans les bras de ma mère et s’occupe de moi.

Bon ma vieille, il va falloir se lever maintenant, histoire de prendre une douche avant de constater les dégâts et de recoudre là où il y a besoin de recoudre.
J’en reviens toujours pas, deux heures après la naissance de ma fille, je suis debout, une couche Huggies entre les jambes, et je vais prendre une douche, comme si de rien n’était ! On tente d’abord assise dans la baignoire mais c’est pas pratique, je vais en mettre partout, alors je me mets dans la douche, sous la surveillance d’Isabelle qui voit bien que j’ai un peu le tein terreux. D’ailleurs, je finis assise dans le bac à douche pour éviter de tomber dans les pommes. Isabelle me dit “Fais pipi tant que tu y es !”
OK Pas de problème... euuuh comment on fait déjà ?
Ça c’est la meilleure, je me contracte, me décontracte, rien ne vient, impossible de contrôler quoique ce soit dans cette zone-là ! Je ne saurais jamais si j’ai fait pipi... ça vous préoccupe hein ? Je comprends ça...

Isabelle m’inspecte, et constate qu’il n’y a que des éraillures, seuls quelques points suffiront. Par contre, pas de bol, ils ne sont pas tous au même endroit, donc pas question de faire une piqûre d’anesthésique, on va faire avec les moyens du bord, un coton imbibé d’anesthésique local, il va falloir serrer les dents ma vieille !

Aaaarggh après les douleurs “utiles” de l’accouchement, il n’y a rien de plus terrible que de souffrir “pour rien”. En fin de compte, c’était très désagréable, mais pas si terrible. Je toussais au moment où elle piquait, je bougonnais quand elle passait le fil, les fesses tendues à deux mètres au-dessus du lit alors qu’elle continuait à me dire “Détends-toi, détends-toi !”.
4 points plus tard, Isa me laisse tranquille. Elle me fait avaler des granules d’arnica en homéopathie contre la douleur et Gilles m’apporte un doliprane effervescent que je bois avec une paille en en mettant partout.
Je commence à ne plus y voir très clair, ma vue se brouille par endroit, Isabelle me rassure, c’est la baisse de tension, combinée à la perte de sang, combinée au fait que je sois à jeun. C’est la forme quoi !

Entretemps, Gilles est sorti faire quelques courses et toute la rue (tout le quartier !) est au courant de ce qui vient de se passer rue Margaux ! À la pharmacie, une cliente a même suggéré d’appeler la petite Margaux en souvenir de la rue où elle a vu le jour.
On ne reviendra pas sur Manon, mais c’est aussi une bonne idée de lui donner Margaux en prénom, ça témoignera d’une belle histoire. C’est décidé, ce sera Manon, Hélène, Margaux !
Gilles trépigne à l'idée d’aller lui-même déclarer la naissance à la mairie, il met tous nos papiers sens dessus-dessous pour retrouver le livret de famille (c’est d’ailleurs la dernière réflexion qu’il avait eu la veille au soir avant de s’endormir : “Il faut qu’on retrouve le livret de famille.” tu ne croyais pas si bien dire mon chéri !)

Il m’a ramené des super-culottes pour grands-mères grabatères, des trucs que je savais même pas que ça existait, c’est moche à faire peur (malgré la simili-dentelle sur le devant) mais c’est redoutablement efficace, pas de risques de fuites avec ça ! J’abandonne les couches Huggies pour mes super-culottes (non vous n’aurez pas de photos !)
Il m’a aussi ramené un steack tartare mmmmmh 8 mois que j’en rêvais !
Et j’ai mangé de bon appétit, en me rappelant du bouillon de légume et de LA biscotte qui avaient suivi la césarienne...

Isabelle et ma mère ont changé les draps du lit, un peu souillés il faut bien le dire (mais pas tant que ça, je pensais que ça ferait plus de dégâts) et Isabelle s’en va. Elle reviendra demain et tous les jours pendant 7 jours, puis à 10 jours. Je trouve ça bien comme suivi, c’est beaucoup mieux que de se retrouver à la porte de la maternité sans aucun suivi, après avoir été maternée pendant 4 jours.

Je n’oublierai jamais ce que cette femme a fait pour moi. J’ai été bien inspirée le jour où j’ai pris mon téléphone et mon courage à deux mains pour la contacter. Sans elle, ma Manon serait restée en siège, sans elle, je me faisais ouvrir le ventre demain, séparée de mon mari et de mon Clément dans un bloc opératoire frigorifique... merci pour tout Isabelle, merci pour les naissances respectueuses que tu offres à tes patientes, merci pour ta ténacité et la passion que tu mets dans ton métier, malgré les obstétriciens récalcitrants et la surmédicalisation toute-puissante.

J’ai appelé mon obstétricienne pour lui annoncer ce que je croyais être une bonne nouvelle... elle a eu une réaction qui m’a surprise, elle a cru qu’on avait fait exprès... j’étais à court d’arguments, mais je lui ai juré que tout ça n’était pas prévu (même si Isabelle me soutient qu’inconsciemment, je voulais que ça se finisse à la maison, sinon j’aurais réalisé à quel point le travail avançait vite) elle a fini par me croire.
Elle m’a dit être très heureuse pour nous, mais je sentais bien de la vexation dans sa voix (d’ailleurs, quelques jours plus tard, elle se fritera au téléphone avec Isabelle en l’accusant de nous avoir influencés pour que j’accouche à domicile)

C’est le seul point noir de cette journée, j’ai réalisé que malgré ce merveilleux cheminement, il y aurait toujours des gens pour penser que nous sommes des êtres inconscients, que Manon aurait dû être aspirée, que tout ça était prémédité, qu’on a eu bien de la chance que tout se termine bien, etc etc... Qu’ils pensent ce qu’ils voudront penser, ils ne m’enlèveront pas l’essentiel : je suis HEUREUSE !



Manon est allongée près de moi, emmitouflée dans une couverture, elle dort. Parfois, son petit visage se crispe et elle gémit.
“Elle revit sa naissance.” a dit Isabelle.
Clément a reçu son cadeau de la part de sa petite soeur. Il a tout déballé dans la chambre et joue au pied du lit avec sa ferme, son tracteur, et ses petits animaux en plastique. Quand je le regarde, j’ai envie de pleurer. Comme je l’aime mon loup, comme je regrette de ne pas avoir su lui offrir une aussi jolie naissance, lui qui était plus petit et plus fin que sa soeur, comme je regrette cet allaitement galère faute de conseils judicieux, je regrette de t’avoir fait subir tout ça, je t’aime mon petit coeur, toi qui es si mignon...

Comme on est bien, comme c’est bon d’avoir vécu ça (même si je n’ai plus de voix d’avoir crié pendant la poussée :wink:
Soyez heureux mes loulous d’amour, je ferai tout pour vous aider dans cette voie et encore merci pour le parcours accompli, aujourd’hui grâce à vous je suis la plus heureuse des mamans !
Quelle aventure, quand même, quelle aventure...

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H
Merci pour ton commentaire Rosine.L'AVA2C oui, c'est possible, il faut trouver le bon établissement et les bonnes personnes qui seront d'accord pour te laisser ta chance.Là n'est pas le lieu pour faire de la pub, mais tu peux aller jeter un oeil sur le site de Césarine, tu y trouveras une mine d'infos pour t'aider dans ta démarche.À bientôt peut-être sur le forum de Césarine ! (qui m'a beaucoup aidée dans la préparation de cette naissance)Je te souhaite de réaliser ton rêve.
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Mon Dieu, je viens de lire le recit de ton accouchement qui m'a tiré des larmes, et encore des larmes.J'ai véçu deux césariennes en spectateur, je rêve d'un AVA2C, mais j'ai peur qu'on me le refuse le jour ou j'en ferais la demande. bb3 n'est pas encore en route, mais je potasse à fond le sujetMerci
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